Les fréquentes brocantes et vide-greniers de toutes sortes fleurissant en été, aux alentours de leur petit coin de paradis, ne pouvaient qu’inciter Tacoz au bricolage.
Profitant d’un petit voyage de Mamigoz en Islande, il se leva de bon matin, certain de dénicher le trésor des trésors….
C’est ainsi qu’il arpenta, en ce dimanche matin, les allées encombrées du Mail, l’œil scrutateur, l’imagination en éveil.
Lorsque soudain, il l’aperçut au loin...
Il hâta le pas, la fixant intensément. Oui, c’était bien elle, tout à fait la bonne taille. Elle serait parfaite. Tout en marchant, il fouilla instinctivement dans sa poche, cherchant son mètre ruban. Il en sortit tout d’abord, un petit papier griffonné, le déplia avec précaution, opina du chapeau et en souriant s’approcha, posa la main sur les flans…. d’une grosse armoire normande.
Avec son poing fermé, il donna quelques légers coups. Elle résonnait favorablement. Tacoz heureux conclut rapidement l’affaire.
Il bougonna un peu, comme à son habitude :
- C’est pas donné…. mais elle est parfaite !
Le vendeur se révélant être un vieux copain d’école….. Il la livrerait en fin d’après midi.
Tacoz reprit le chemin de la maison tout heureux….
Il avait du travail…
Deux jours, juste deux jours avant le retour de Mamigoz !
Après avoir dégagé, une partie des meubles qui trônaient dans le salon, il alla chercher ses outils. Scie, pointes et marteaux envahirent peu à peu l’espace.
Quelques heures plus tard, le beau salon si bien rangé par Mamigoz, ressemblait à un atelier désordonné.
Six heures enfin ! Au coup de sonnette, Tacoz bondit à la porte, tout en se prenant les pieds dans les câbles électriques, il ouvrit la porte.
Elle était là, un peu moins poussiéreuse.
- Tiens mon gars, la Marie t’la un peu nettoyée !
Les yeux de Tacoz brillaient.
Depuis le temps qu’il en rêvait de cette armoire !
Il la caressait doucement, comme pour l’amadouer avant le carnage….
Ils l’installèrent contre le mur dégagé, la calèrent bien, comme il se doit. Tacoz se recula de quelques pas
C’est vrai qu’elle faisait de l’effet, elle l’inspirait plus encore.
Le vieux Louis parti, Tacoz retroussa ses manches et entreprit d’ôter les portes…….
Durant une bonne partie de la nuit, il sciera, rabota, ponça…..
Le jour allait tout juste se lever, lorsque l’ouvrage fut fini.
Tacoz s’écroula dans un fauteuil pour admirer, avec un peu de recul, son ouvrage titanesque.
Il était fier de lui….Mamigoz ne pourra plus jamais mettre en doute ses compétences de bricoleur.
Devant lui, une belle mécanique bien huilée, fleurant bon l’encaustique, une révolution internationale qui allait changer la face du monde, son invention…C’était son invention !
Il ne lui restait plus qu’un petit coup de balai à donner, à ranger un peu ses outils et aller se reposer avant l’arrivée de Mamigoz.
Tout était propre maintenant, Tacoz tout en admirant son chef-d’œuvre, s’endormit doucement…
Il ne fut réveillé que par l’arrivée de Mamigoz …
Quand elle vit l’aspect de son salon, elle hurla littéralement, ce qui eut pour effet de réveiller notre Tacoz en sursaut …
Un peu hébété d’avoir été sortir ainsi de ses rêves de gloire, il vit tout d’abord la valise verte devant lui…puis Mamigoz rouge de colère. Il savait que dans ces cas là, il ne lui restait qu’à se faire tout petit….Il se souvenait de son cuisant épisode avec le quad !
Dès qu’il put placer un mot d’explication, il tenta bien un petit
- Mais ma douce… C’est pas une horreur, regarde un peu !
Et sur ces mots, Tacoz ouvrit l’armoire à double battant.
Stupéfaite Mamigoz découvrir à l’intérieur un tableau plein de lumières de couleurs différentes, de clignotants et autres boutons….de fils enchevêtrés qui dégoulinaient de partout….et une chaise !
Elle ne tenta même pas une seule question. Elle avait pourtant l’habitude des idées fumantes de ce breton têtu, mais là, il dépassait les bornes. C’était un cataclysme, une apothéose d’invraisemblances.
Toujours silencieuse, elle laissa Tacoz lui expliquer sa dernière catastrophique trouvaille.
- C’est… une machine… à remonter le temps !
Puis voyant que Mamigoz ne pipait mot, il s’enhardit quelque peu.
- Regarde, tu t’assoies là, et je t’enlève quelques cheveux blancs….quelques rides…..
Mamigoz leva les yeux au ciel, haussa les épaules, se contentant de répondre par
- pfut ! ….N’importe quoi !
- Mais Mamy !
Aïe ! Il l’avait appelé Mamy ! Et lorsqu’il prononçait ce mot, elle était certaine qu’une méga-cata allait survenir dans les minutes qui suivaient.
Autant en finir tout de suite .!.
Mamigoz reprit sa valise verte, entra dans l’armoire, s’assit sur la chaise :
- Bon finissons-en !....ça marche comment ?
Tacoz tout heureux, lui donna quelques explications très sommaires…. Puis referma la porte.
Il ne s’était passé que deux petites minutes, lorsqu’ une épaisse fumée s’échappa du meuble diabolique.
Tacoz se précipita, ouvrit la porte…
Stupeur, malheur….Mamigoz avait disparu !.........
A mercredi pour la suite.
Bonne journée.