(Grille Gratuite)
Mamigoz vient à peine de poser sa petite valise verte,
que déjà, Tugdual et Ronan se précipitent vers Tacoz,
très impatients de voir les souvenirs rapportés.
Rosen, beaucoup plus calme a déjà repéré le sac coloré,
tissé main, porté en bandoulière par Mamigoz.
- Du calme les enfants, laissez-nous nous poser un instant…
Oui, nous avons des petits cadeaux, attendez un peu. Le voyage a été long !
Tacoz s’assoit et enlève son chapeau, le pose sur la table,
tandis que Ronan s’installe sur ses genoux :
- Dis, tu racontes Papy, c’était comment les Zaztèques ?
- C’était loin ! Demande à Mamigoz de te montrer la photo.
Mamigoz ouvre sa petite valise verte, soulève son tablier de fête soigneusement plié, et sort délicatement la photo tant attendue.
- Ouah ! Quel tumulus ! s’exclame Tugdual.
- Ce n’est pas un tumulus, c’est une pyramide. Explique Mamigoz.
- Mais elle n’est pas pointue !
- C’est comme ça qu’ils les font là-bas ! Vas savoir pourquoi !
rétorque Tacoz, encore un peu ronchon.
Le petit regard discret et furtif échangé entre Rosen et Mamigoz atteste de leur complicité…. Tacoz ne s’est toujours pas remis de son voyage à Copenhague ! Se décidera-t-il enfin à en parler ? Il ne faut pas le brusquer, il finira bien par craquer.
Rosen, tout en déposant le tablier de fête dans l’armoire :
- Nous avons reçu une très jolie carte ornée d'une feuille d’or….Avez-vous trouvé un trésor, ajoute-t-elle en riant.
Tacoz tout ragaillardit, prend la parole :
- Tu ne crois pas si bien dire, un trésor, une sacrée découverte, tu veux dire ! Figure-toi que tout a commencé à cause d’un perroquet, pas un vert, comme Kocoz, un superbe perroquet de toutes les couleurs, il t’aurait drôlement plu Ronan, il nous a suivit depuis le début, on n’arrivait pas à le lâcher…
Mamigoz, réussit à glisser dans ce flot de paroles, une petite phrase, qui calme un peu, toute l’excitation ambiante.
- Pendant que papy raconte, qui veut goûter…. Crêpes, café, chocolat …..
En un rien de temps, tout ce petit monde se retrouve sagement assis autour de la table. Rosen, attache la serviette au cou de Ronan, avant de revenir s’assoir auprès de Mamigoz, un dernier petit sourire complice et Tacoz commence à raconter.
Déjà l’imagination des enfants galope en écoutant le récit du voyage…..
C’était la jungle là-bas ! Il y avait des forêts énormes avec des arbres gigantesques, des bruits bizarres d’animaux étranges. Les gens portaient des vêtements bariolés de toutes les couleurs. Et cette chaleur, dieu qu’on a eu chaud !,On était perdu, et on ne comprenait rien de ce que les gens disaient. Ils ne parlent pas comme nous là-bas....
- C’est normal Papy, c’est des Zaztèques. Intervient Ronan.
.... Alors, on a fini par chercher sur notre carte. Mamigoz voulait voir des ruines de pyramides incas, en pleine jungle !
C’est là que nous avons rencontré Zuma, -oui je l’ai appelé comme ça à cause du jeu de Tugdual, Zuma-... C’est le perroquet de toutes les couleurs, comme vous voyez sur la photo. D’ailleurs, tout, là-bas est de toutes les couleurs ! Donc Zuma, connaissait très bien la jungle, puisqu’il y vivait depuis toujours. Il nous a servi de guide. Nous avons marché longtemps, les sacs à dos commençaient à peser, et les pieds de Mamigoz à gonfler. Nous avons marché toute la journée avant d’apercevoir au loin, une pyramide, à demi recouverte de végétation. Nous avons bivouaqué dans une clairière, et au petit matin, nous sommes repartis, toujours guidé par Zuma. Mais plus nous approchions de cette ruine, plus le chemin devenait difficile et escarpé. Il n’y avait pas de route, ni même de sentier, c’était la brousse totale. La coiffe de Mamigoz, se prenait dans les branchages et dans les lianes moussues. Mon bragou-braz n’a pas été épargné non plus. Quelle aventure !
Nous avons, au prix de beaucoup d’efforts, atteint notre but.
Mamigoz en examinant la carte de plus près, fit une extraordinaire découverte : Cette ruine n’était pas sur la carte.
Zuma nous avait guidés vers un lieu totalement oublié.
Aucun être humain n’avait remis les pieds ici, depuis le départ des Aztèques. De fait, en progressant, au coupe-coupe, parmi la végétation, nous sommes tombés sur une grande place entourée de hauts murs percés de nombreuses ouvertures béantes. Le bois avait disparu depuis longtemps, plus de toit, plus de portes, un peu comme après un incendie.
Mamigoz toujours aussi curieuse, emprunta l’un des passages, et à sa grande stupéfaction, découvrit, posées sur une table de pierre quelques poteries, trois écuelles et un superbe pichet, dont on devinait encore les couleurs des dessins géométriques bizarrement emberlificotés.
- Regarde Tacoz ! Je crois que nous venons de découvrir un site inexploité. C’est fabuleux !
Tacoz de son côté explorait une autre pièce :
- Viens Mam’ , voir ici ! J’ai trouvé un trésor, un vrai trésor !
Mamigoz le rejoignit prestement, toute fatigue oubliée.
- Oh ! Mais c’est vrai, c’est un véritable trésor….L’or des Aztèques ! Nous avons retrouvé l’Or des Aztèques !
En effet, devant eux, dans les rayons d’un soleil ardent, brillait une coupe d’or. Mamigoz la prit avec précaution, et très délicatement, avec le coin de son tablier, l’essuya, faisant étinceler le précieux métal.
- C’est magnifique ! S’exclama Tacoz.
Mamigoz reposant doucement la coupe sur la table :
- Je n’aime pas cette coupe, c’est une coupe réservée aux sacrifices. Le grand prête y plaçait le cœur des suppliciés pour les offrir au dieu Soleil….Juste pour que le soleil réapparaisse le lendemain ! Laissons-la ici, et partons. Regarde, autour de toi, il ne reste que cette coupe….C’est un signe ! Il a du s’en passer des choses ici !
Tacoz toujours aussi méfiant des choses obscures et mystérieuses, ne se fit pas prier pour quitter les lieux, tout en maugréant :
- C’est l’Ankoù ! C’est sûr, c’est l’Ankoù !
Mamigoz revint vers la table de pierre, choisit la plus petite des poteries peintes, coupa un des rubans de sa coiffe, le glissa sous le pichet en guise de paiement. Quant à Tacoz, il se contenta de ramasser une petite feuille d’or que le vent avait poussée dans les gigantesques escaliers.
Jetant un dernier regard sur ces merveilles, Mamigoz sourit :
- Restez en paix, nous ne dirons mots de cette découverte.
Beaucoup plus tard, arrivée dans la chambre d’hôtel, Mamigoz avoua à Tacoz, en ouvrant son sac à dos, l’échange "ruban-écuelle". Tacoz en souriant sortit de sa poche, la petite feuille d’or.
Tugdual, doucement, comme pour ne pas rompre le charme :
- Mamigoz, où est cette écuelle maintenant ?
Mamigoz se leva, ouvrit sa petite valise verte, et avec précaution, déballa de son papier journal, la jolie coupe colorée.
- Faudrait la laver, elle est toute sale ! S’exclama Ronan
- Surtout pas, lui répondit Mamigoz en plaçant l’écuelle dans son vaisselier vitré.
- Dis, Mamigoz tu n’as pas ramené Zuma ?
- Non, il est resté dans sa forêt, mais il nous a bien promis de ne dévoiler à personne l’emplacement de cette Mystérieuse Cité d’Or.
- Dis Papy, et la feuille d’or ? Qu’as-tu fait de la feuille d’or ?
Avec tendresse Tacoz lui expliqua :
- C’est vous qui l’avez ! Souvenez-vous de la carte que nous vous avons envoyée.
Et Mamigoz d’ajouter, à l’intention de Rosen :
- Tacoz avait si peur des douaniers qu’il a fait voyager sa feuille d’or à part !
- Mais, c’est que c’est de l’Or d’époque ! Et sur cette dernière phrase Tacoz se renfrogna.
Rosen chuchotant à l’oreille de Mamigoz :
- Ca y est ! Il est reparti à Copenhague !
Et c’est si ce petit rire, mal étouffé, que Tacoz, en haussant les épaules, sortit faire un tour de jardin.
*
Bonne journée