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27 novembre 2008 4 27 /11 /novembre /2008 01:01

(Récits et légendes) 

 

     

Ivana, la reine des Korrigans.

 

Il est un lieu presque secret aux fins fonds des Monts d’ Arrée que l’on a coutume de nommer  La Roche Percée.

Il s’y passe de drôles de choses parfois à la tombée de la nuit.

On prétend même que les landes sont le domaine des farfadets, lutins et autres Korrigans. En Bretagne on parle d’eux à demi-mots, on chuchote à la veillée…

Les anciens disent avec crainte et respect :

 " Bugale an noz " : les enfants de la nuit ! 

Car ceux qui ont croisé leur route, comme Yannick, s’en souviennent à jamais.

….

Nous étions en été, Yannick, un  solide gaillard, rentrait chez lui, épuisé par une journée de moisson. Il traversait la lande comme à son habitude,  quand il s’ aperçut soudain qu’ une vieille femme, venue de nulle part et misérablement vêtue, le suivait.

Il n’y prêta guère attention et poursuivit son chemin.

Il changea plusieurs fois de direction tantôt à droite, tantôt à gauche… Et la vieille suivait toujours.

Il arriva enfin devant sa modeste maison, elle était toujours là.

Il s’apprêta à ouvrir sa porte quand elle se pressa derrière lui.

-      Je suis arrivé chez moi, déclara–t-il brièvement, comme pour l’inciter à partir. Elle le regarda sans dire un seul mot et il comprit qu’il ne s’en débarrasserait pas aussi facilement. Sans attendre d’ être invitée, elle le suivit, et alla s’assoir à la table, toujours en silence.

Yannick était très pauvre mais il lui proposa de partager son repas. Il lui offrit la moitié de sa soupe claire, la moitié de son cidre et la moitié de son reste de pain rassis. La vieille le regardait avec insistance. Elle ne prononça aucun mot de toute la soirée.

La fatigue gagnait Yannick. Il n’avait qu’une idée, dormir. Comme elle ne se décidait pas à partir, il lui proposa une couverture et la posa sur les genoux de la vieille.

Il laissa s’allonger sur son lit, mais ne trouva que difficilement le sommeil.

Au petit matin, Yannick se réveilla en sursauts….Elle était toujours là, assise sur le même banc et le regardait en silence.

Il voulut préparer un petit déjeuner  mais ne trouva qu’une seule pomme …… qu’il partagea.

-      Je vais au champs, c’est  le moment, dit-il en se levant.

La vieille femme le suivit. Au bout de l’allée, il se retourna, la vieille s’arrêta et lui dit enfin :

-      Tu as été bon pour moi, tu mérites une récompense, viens ce soir à 7 h à la Roche Percée  et tu recevras  ce que tu mérites !

Yannick resta interloqué. D’abord parce qu’il croyait que cette vieille était muette et son étonnement fut plus grand encore lorsqu’elle disparut dans un tourbillon de paillettes rouges.

Yannick se baissa pour ramasser deux ou trois de ces étoiles scintillantes, mais à peine les avait-il dans le creux de la main, qu’elles disparurent à leur tour.

Il reprit son chemin et travailla encore très dur ce jour là. Il pensa bien un peu à ce drôle de rendez-vous, mais il était bien loin d’imaginer ce qui allait lui arriver.

Enfin, la journée touchait à sa fin, lorsque les cloches du village lointain sonnèrent un coup, puis un autre….

Yannick se mit à courir, courir….Et au sixième coup il était là, haletant, au pied de la Roche Percée…

Tout essoufflé, il scruta la lande, point de vieille femme !

Il pensa : La sorcière m’a bien eu ! Car pour Yannick, il s’agissait bien d’une sorcière !

Enfin au dernier coup de sept heures, une magnifique jeune femme resplendissante dans sa robe rouge, se tenait devant lui.

-      Bonsoir Yannick, je suis Ivana la reine des Korrigans. Tu as été bon avec moi, tu as partagé ton maigre bien, ce soir tu partageras mon trésor. Tu es venu chercher ta récompense, la voici !

Devant  notre Yannick médusé, la féerique jeune femme prononça quelques phrases dans une langue inconnue de l’humain et la roche pivota laissant apparaitre une fissure d’où émanait une lumière irréelle.

Il n’osait pas trop avancer, mais Ivana l’y encouragea.

-      Un instant ! lui dit-elle, tu pourras emporter tout ce que tu veux de cette caverne, mais à minuit tapant, tu devras être ressorti, sinon tu resteras à jamais enfermé dans les entrailles de la terre !

Yannick hocha de la tête en souriant…

Il n’était que sept heures et minuit était encore loin….

Il serait rentré chez lui depuis longtemps !

Mais c’était sans compter avec le destin !

                                             

  Yvonne Delisle

 

( à suivre )

 

Retrouvez les Histoires de Mamigoz

dans l' Album Légendes, Récits et Nouvelles

 

 

 

Bonne journée

 

  N' hésitez pas à me laisser un petit commentaire !  

 

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2 novembre 2008 7 02 /11 /novembre /2008 01:01

  (Récits et légendes)

 

Je profite de ce beau dimanche après midi ensoleillé, pour sortir. Après une petite balade en bord de mer, je remonte le sentier des douaniers, qui longe la falaise. Quelques voiliers flânent encore tandis qu’à l’horizon, les premiers chalutiers rentrent au port.

Il fait assez beau en cette fin octobre. Et si je poussais encore un peu plus loin ? Je suis à 10 minutes de chez Mamigoz. Bien sûr, je ne l’ai pas prévenue de ma visite, mais elle est si accueillante, qu’elle ne s’en offusquera pas.

Bientôt, j’aperçois la maisonnette. Les géraniums doubles, carmins sont toujours aux fenêtres. …Pas de gelées en vue. Il faudra que je demande à Mamigoz des boutures pour le printemps.

Je frappe à la porte et je m’attends déjà à entendre le " Voilà ! Voilà ! "…. Mais rien ! Je fais le tour de la maison, et dans le fond du garage, j’entrevois Tacoz.

-      Bonjour ! Tu es tout seul ? Mamigoz n’est pas là ?

-       Dame non! Elle est encore en vadrouille ! Y’a une copine qui l’a invitée à Tahiti !

-      Pourquoi t’as pas été ?

-      Oh ! Moi… tu sais la chaleur !

Je regarde Tacoz poser un morceau de planche sur l’établi… Que veut-il donc encore bricoler, celui-ci ?  Je préfère ne pas poser la question et éviter d’interminables explications.

-      Rentre donc, on va faire un café !

Un peu déçue de ne pas voir Mamigoz, je le suis jusque dans la cuisine. Il prépare avec minutie, la cafetière….

- Quatre doses ! Et je n’oublie pas de mouiller le filtre !

- Pourquoi tu mouilles le filtre avant de mettre le café ?

- C’est Mamigoz qui l’a dit !...Alors je fais comme ça !

Là, je sens qu’il est inutile d’insister, je ne saurai jamais pourquoi !

Le café s’écoule tranquillement embaumant déjà la pièce.

Tacoz met les tasses…. C’est un grand honneur. Pour ses copains, c’est juste le verre avec la cuillère dedans…  Il pose avec précaution la boite à sucre décor Quimper, ex boîte de galettes bretonnes et me gâte en sortant  la boîte rouge et or de la Mère Poulard contenant les Traou mad fabrication Mamigoz.

Devant la tasse de café fumant, je m’enquière du retour de  notre amie.

-      Pas avant une semaine !

Mince …Je dois me rabattre sur Tacoz !

-      C’est pour Liza, Liza de GrècePour La Vitrine du Libraire…

-      Oui, je connais !

-      Tiens ! Tu connais Liza, toi Tacoz !

-      Mamigoz m’en parle souvent !

-      J’avais un petit questionnaire pour Mamigoz, mais elle rentrera trop tard, la date sera passée !

-      Attends, je peux peut-être répondre, moi ! On peut toujours voir !

Je sors de mon sac, le questionnaire et le tends à Tacoz !

-      Attend ! Mes lunettes !

Il tâte ses poches et en ressort une paire de petites lunettes toutes drôles….Il ressemble à Gépetto. Je ne l’avais jamais vu porter de lunettes. Tout en les ajustant, il prend un air de gamin prit en faute :

-      C’est juste pour lire…..ça fait pas si longtemps je m’en passais bien ! Mais tu connais, ma " Demi-Moitié-A-Moi " : MamigozSi tu savais comme j’essaie de lui faire plaisir en bricolant, en jardinant. Elle n’est jamais contente ! Pourtant souviens-toi…  Mamigoz était encore partie en vadrouille, et moi j’étais tout seul pour le week-end. A la brocante, j’ai retrouvé un copain qui vendait une vieille armoire. J’ai acheté son armoire ! Bon, d’accord, il m’a fait un sacré prix…Il me connait depuis toujours, il sait que je suis …. comment il dit ça, le Vieux Louis …Ah oui ! " radin ", même pas breton ce mot là ! Bon ! Enfin bref ! Je lui construis une machine  antirides….Mais, v’là t’y pas qu’une fois dedans, elle me la détraque,  et qu’elle se retrouve chez les Kromignons ! C’est quand même pas de ma faute à moi ! Je pourrais t’en raconter d’autres comme ça, pendant des veillées, et des veillées ! Tiens,  comme le coup du quad ! Encore un chantier que c’t’histoire la !

Il opinait de la tête ! Jamais au grand jamais je n’avais entendu Tacoz se plaindre de sa chère Mamigoz ! Il avait vidé son sac, d’un coup d’un seul. Lui toujours un peu bougon, n’était pas du genre bavard. D’ailleurs, c’est la première fois qu’il parle autant, un vrai moulin à paroles, plus possible de l’arrêter !

Je pose la main sur le questionnaire. Il le saisit, comme si j’allais le lui reprendre.

-      Attends,  faut voir ! Tiens ça parle de Proust. Ah oui ! Le gars avec ses madeleines…Les Traou mad c’est quand même meilleurs ! Pivot….Pivot, c’est le gars de la télé…celui avec la dictée ?

-      Oui !

Tacoz se plonge dans la lecture.

-      Voyons !....Commençons par la plus facile, le questionnaire de Bernard Pivot :

Tacoz se frotte le menton, un léger rictus traduit déjà son inquiétude.…

-      Hum ! Jamais facile avec  Pivot ! "  Votre mot préféré ? "...Ah ! Il a répondu " aujourd’hui " !...Moi je dirais plutôt c’est le jour du retour de Mamigoz….Mais enfin chacun son truc !

-      Tacoz, c’est pas comme ça qu’il faut répondre…Il faut que tu  dises simplement qu’elle est ton mot préféré, comme…Je sais pas moi : soleil, bateau…

-      Mais non, c’est pas ça ! Regarde, l’autre à répondu " entraide ". Alors un dit " aujourd’hui ", l’autre " entraide "  et toi, t’arrives avec ton bateau au soleil…ça va pas aller ça !

-      Pas grave, passe à une autre question.

-      "  Le mot que vous détestez "…C’est exactement la même chose  en pas pareil ! On va pas s’en sortir ! Troisième question…Celle-là, je réponds pas !....Quatrième question : "  Le son, le bruit que vous aimez "  …Alors moi, c’est la mer et le bruit du vent dans les haubans des bateaux aux quais…ça cliquette de partout et t’as les mouettes, c’est bien …Moi j’aime ça.

-       Alors tu écris ta réponse, et on continue…Il en faut 5 !

-      " Votre jurons favori "….Faudra pas le répéter à Mamigoz, mais je suis un peu comme le gars là, je dirais bien "  Vindiou "  aussi !

Tacoz continue à lire, survole les questions, en cherche une qui lui plaise et tombe enfin sur :

-      " La plante, l’arbre ou l’animal dans lequel vous aimeriez être réincarné " ….Et bin moi, je veux être réincarné en moi-même !

Voyant mon air étonné, il ajoute en vitesse : Bin comme ça, ça fait pas de frais, j’ai déjà tous les costumes à ma taille !

-       Mais Tacoz, tu vois bien que tu es radin…On te demande un arbre, une fleur ou une bestiole !

-       Un arbre, alors un Olivier….comme mon copain Kersauson !

-       Bon, tu marques olivier ….juste olivier et sans majuscule.

Je n’ai toujours pas mes 5 réponses, Tacoz tourne la page. Les questions ne l’inspirent pas….

-      Le questionnaire de Proust…Allons-y ! Qu’est-ce qu’il demande celui-là ?

-      Si tu en as marre, on peut arrêter.

-      Mais non, ça m’amuse …Toutes façons Mamigoz ne rentre que dans six jours…On a bien le temps !

Je recompte les réponses....Six jours !

T
acoz semble absorbé par le nouveau questionnaire. De petits sons divers meublent parfois le silence….

- Ah ! Tiens en voilà une pas mal : " mon occupation préférée "…Justement le bricolage. J’aime beaucoup bricoler dans le garage. Mamigoz a dû t’en parler.

Oui ! Effectivement, elle m’en a souvent parlé ! Je l’entends encore :

-      Tacoz ne fait rien, ne sait rien faire….et en plus le fait mal ! Il a trois mains gauches !  

-      Alors tu marques "  bricolage " et ça va faire quatre réponses….Plus qu’une !

-      Attends, ils ont répondu "  aimer " et "  être avec mes enfants "….Mais moi aussi j’aime être avec mes petits enfants.

-       Alors tu écris "  bricoler avec mes petits enfants "

-      Non, parce que ça peut être dangereux, avec les outils !

-       Pas si tu leur fabriques des cerfs-volants !

-      Tu mets fabriquer des cerfs-volants avec mes petits enfants !

-      Oui ! ……..Mais d’un autre côté on n’en fait pas tous les jours !

-      Bon ! Bin tu mets… Je ne sais pas moi, me promener avec mes petits enfants et puis c’est tout !

-       Bon d’accord…Je mets bricoler

Je ne dis plus un mot, je le regarde écrire….Ouf ! Il a enfin écrit " bricoler ".  Plus qu’une seule réponse !

-      Faut faire attention à ce qu’on répond… Faut pas que Liza me prenne pour un c….

-       Mais non Tacoz, Liza te connait. Je crois qu’elle sera même   curieuse de te connaître un peu mieux.

-      C’est vrai dans les histoires, je suis toujours un peu le "  Prince qu’on sort "…..!

-       " Consort ", Tacoz …  " Consort ".

-       Oui, c’est ce que j’ai dit  "  qu’on sort ".

Tacoz replonge dans sa lecture.

-      Tiens …Une mouette !

-      C’est quoi la question ?

-      L’oiseau que je préfère …c’est la mouette !  D’ailleurs, je pourrais aussi me réincarner en mouette ! C’est beau ! Quand tu les vois  suivre les bateaux  qui rentrent au port….surtout le soir avec ce coucher de soleil un peu rouge…Signe de beau temps ! ça c’est beau, oui, j’aimerais bien …en mouette !

-      Non, non Tacoz, on ne recommence pas, en olivier c’est bien aussi !

-       Oui, mais on garde la mouette pour la prochaine fois !

 

C’est fait, j’ai mes cinq réponses !...Mais il est bientôt six heures ! Je suis avec Tacoz depuis plus de deux heures. Je ne refuse pas une dernière tasse de café,  pour remercier Tacoz de s’être prêté au jeu.

Un dernier petit signe de la main, et je m’éloigne, laissant notre petit homme seul, sur le pas de la porte.

 Bientôt, c’est mercredi et les Petits passeront l’après midi avec lui.

 Peut-être fabriqueront-ils un cerf-volant…

Bonne Journée

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19 octobre 2008 7 19 /10 /octobre /2008 00:01

  (Récits et légendes)
           

 

 Mamigoz raconte : Dis ! Madame, pourquoi……………..

Il y a peu de temps, je baladais mes deux petits chiens autour du lac près de la maison. Le ciel d’un bleu parfait, la douceur ambiante, tout me poussait à sortir en cette fin septembre.

Après un été un peu bancal, enfin une journée où le moindre plaisir prenait un goût de bonbon rose. Ni une, ni deux : je lançais à la cantonade : « Les chiens …Sortir ! ». De suite, les deux déboulent.

L’un mal réveillé, l’autre ébouriffé.

Après quelques aboiements et pas mal de léchouilles, je me retrouvais tel un mucher moyen…une laisse dans chaque mains, traînée pas deux mini-chiens dérapant sur les graviers de l’allée, plus pressés de sortir qu’un diable de sa boite.

Habituée à faire ce parcours, passé le petit pont, je lâche les petits.

Ils gambadent, le nez scotché à la pelouse.

Mais chose inhabituelle, tout là-bas, de l’autre côté, une petite forme, vaguement bleue ….noire, avec une pointe de rouge….

Ma première réaction : méfiance.

Je rappelle les petits, les attache… Cherche mes lunettes.

Le flou artistique se dissipe.

C’est un gamin ! ….

Mais que fait-il donc assis sur la pelouse ?

Rassurée, je détache les  bouts de chiens,

ils gambadent à nouveau.

Je continue ma balade, tout en gardant un œil attentif sur ce gamin.

Visiblement, il n’a pas à sa place ici, à cette heure précise.

Mais plus je m’approche, plus son visage me devient familier.

Encore quelques mètres….

Mais oui ….C’est bien le petit Julien !

Julien qui le mercredi se promenait avec sa Mamy, il y a encore peu de temps….C’était avant !

Mais quelque chose ne va pas. Il est assis recroquevillé sur lui-même, les bras entourant ses genoux, le menton posé dessus, les yeux dans le vague, il regarde fixement l’eau à peine frémissante.

-      Salut poussin !

Sans même me voir, il regarde juste par terre.

-      Salut les chiens !  

Vraiment pas bien le gamin ! Sans le brusquer, je m’assieds sur un banc, à quelques mètres. Il repose le menton sur ses genoux. Je regarde, curieuse, ce lac qui l’hypnotise……… Je n’avais jamais pris le temps de l’observer de si près. C’est drôle ce courant qui le traverse au milieu, faisant pencher légèrement les quelques nénuphars. Mais je suis sortie de mes pensées par Julien.

-      Dis, tu es une Mamy, toi ?

Inutile de le cacher, mes cheveux blancs en disent longs.

-      Oui !

Il reprend aussitôt. :

-      Je te reconnais avec tes chiens, tu parlais souvent avec ma mamy ! ….

Il replonge dans son silence.

Mais c’est vrai, il y a bien 6 mois, que je ne revoie plus cette frêle et très élégante dame, promenant son caniche. Nous parlions quelque fois de ces quelques riens qui meublent les conversations.

De la pluie ou du beau temps, de nos chiens….bonjour, bonsoir ! Juste un petit signe de la main, lorsque nous n’étions pas assez proches. Et puis…mes problèmes de santé, plus de promenades…

 

Et en cette fin septembre, je reviens. Tout est calme.

C’est déjà un peu l’automne, et il n’y a que Julien.

Julien, triste.

Julien qui m’a dit :   tu connaissais ma Mamy !

Pourquoi ce passé ?

Et tout à coup, je commence à comprendre….

Cette idée me rend mal à l’aise. Je revoie cette dame un peu pâle, toujours tirée à quatre épingles, marchant à petits pas pressés...au brushing si parfait !....Trop parfait !

J’ai raté un épisode, préoccupée par mes propres problèmes de santé, j’ai oublié que le monde continuait à tourner.

Je n’ose poser des questions, Julien garde le silence.

J’ai envie de me lever et de partir, mais je reste là, impossible de fuir. J’attends qu’il parle, qu’il se libère de ce poids.

Un long moment encore et le gamin s’approche, s’assoie près de moi, toujours silencieux. Je cherche une phrase qui servirait de déclic, un mot pour ouvrir le dialogue…Mais rien ! Je ne trouve pas. Alors, comme lui, je regarde fixement l’eau .

Intrigués de voir le gamin près de moi, les deux chiens déboulent vivement. Julien se penche pour les caresser, il sourit enfin.

 -     Ils sont marrants tes chiens !

-        Ils sont gentils aussi !

Julien perd son sourire, se redresse, se colle au dossier du banc

Ma mamy aussi était gentille ! Tu la connaissais ?

-        Oui….Un peu !

 

-      Eh ben…Tu la verras plus parce qu’elle est morte…complètement morte !

Ce «  complètement morte » presque crié, me fait mal. Je n’ose le regarder, j’ai les larmes aux yeux. Julien continue à parler, il se libère enfin de tout ce poids.

-      Elle était drôlement malade…tellement qu’elle a perdu tous ses cheveux ! Moi, je l’aimais beaucoup ma mamy et maman dit que je ne la reverrai plus jamais…C’est vrai ça…Tu crois !

J’ai la gorge si serrée que je ne peux dire un mot. J’essaie d’avaler ma salive…. La cicatrice de mon opération me rappelle à l’ordre, machinalement comme pour la détendre, je passe la main dessus…. Julien me regarde faire.

-     Oh ! Dis donc…Qu’est que t’as eu ?

J’ai été opérée il y a trois ans !

-     De quoi ?

Là, j’hésite à répondre….

-     J’étais malade…. comme ta mamy.

-      Alors, pourquoi t’es pas morte, toi ?

Je ressens aussi cette injustice face à ce petit bonhomme.

C’est vrai «  pourquoi » ? Pourquoi elle et pas moi ?

-     Je ne sais pas, Julien, je ne sais pas !

-     C’est pas juste, alors !

Nous fixons à nouveau le lac en silence.

Ce silence devient de plus en plus pesant.

Je ne sais plus depuis combien de temps nous sommes là, tous les deux, lorsque Julien me dit d’une drôle de petite voix.

-     C’est bête, que je ne verrai plus jamais ma mamy !

Et là, je ne peux m’empêcher de passer mon bras autour de ses épaules :

-     La voir non…ça c’est plus possible…Mais la retrouver, ça tu peux !

Julien me regarde

-       Tu crois,....... et je fais quoi ?

-      C’est simple ! D’abord tu vas rentrer chez toi, tes parents doivent s’inquiéter. Ce soir lorsque tu seras dans ta chambre, tu regarderas par la fenêtre, et tu te choisiras une étoile. Une belle étoile, la plus brillante de toutes les étoiles. Ta mamy est là-bas. Tu la reconnaitras facilement c’est justement celle que ton cœur aura choisi. Et tu pourras lui parler, elle t’entendra.

Il me regarde, ses yeux tout d’abord incrédules, s’écarquillent et une petite lueur les anime peu à peu.

-      Tu crois que les mamys qui sont mortes habitent les étoiles ?

-     Bien sûr…où veux-tu qu’elles aillent ? De là-haut, elles voient tout et entendent tout !

D’un bond, il se retrouve debout, souriant, il me prend par le cou :

-      T’es une chouette de mamy, toi…

Puis il s’éloigne, s’arrête, se retourne…revient.

-       Tu viens demain… ? Je te raconterai ce que ma mamy me dira !

Il repart, revient encore :

-      Tu crois que ma  Mamy est déjà arrivée sur son étoile !

-      Oui ! J’en suis certaine….ça va plus vite qu’en fusée, tu sais !

 Cette fois il repart en courant. Au bout de l’allée, il s’arrête, se retourne et dans un grand signe de la main, me crie :

-     A demain ! Tu viendras ?

-     Oui, promis !

-     A demain alors !

 

 Je me lève et rentre doucement………

-     Pourvu que le ciel soit clair ce soir !

                                       Yvonne Delisle
     

     

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15 octobre 2008 3 15 /10 /octobre /2008 00:01

(Poème d' Yvonne Delisle)
Dans le cadre de " la vitrine du Libraire 

Cette semaine  Liza  nous avait donné un petit devoir.:.


 Illustrez un de vos écrits......

Je me suis bien amusée à planter le décor….

Beaucoup moins triste que le poème.
 


J’espère que Liza sera indulgente

avec son élève !

     

 

Un lac, témoin du passé,

Brumes, en douces fumées,

Paysage effacé,

Grisaille, soleil couché,

Une barque abandonnée

Dans les roseaux fanés,

Sur la rive, bien caché,

Un débris de cœur usé,

Trop petit pour partager,

Et trop grand pour oublier.

 

 

J’ai utilisé un peu de papier de tapisserie,

un reste de frise… une chance,

 j’ai eu deux poissons entiers.

Un peu de papier canson,

 pour la barque et les roseaux,

du papier gaufré pour le soleil,

et pour la brume sur le lac…

Oui, oui, c’est bien de la brume,

le bord de la frise.

Et le coeur est un pétale de rose rouge. 

 

Après avoir fait un poème

sans aucun verbe,

je vous devais bien quelques explications…. en images !



Bonne journée

 

 

 

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1 octobre 2008 3 01 /10 /octobre /2008 00:01

(Poème d' Yvonne Delisle)



A l'initiative de Liza

Voici la vitrine du libraire





Je vous présente mon premier recueil de poésie :

   " Désirs de Femme Tome I "




Première phrase............

J'écris, non pas pour me justifier mais pour..........

.............. Cette photo jaunie
le lien qui nous unit.

Il s'agit donc de 78 poèmes d' Yvonne Delisle.

Petit résumé de l'ensemble : 


C’est une longue balade en compagnie de l’auteur Yvonne Delisle. Elle y dévoile un peu de sa vie, un peu de ses rêves. 

Un monde en demi-teintes où règne la nostalgie, s’entrouvre peu à peu devant vous, pour  vous entraîner dans vos propres souvenirs. 

Amours fanées, amours gâchées s’entremêlent, laissant planer un léger voile de désespoir, juste une brume au cœur, avec cependant, toujours, le secret espoir, qu’un jour : IL viendra et elle le reconnaitra !


                         " Désirs de Femme tome I ....et II 
                  sont disponibles chez Thebookeditions.com.
                                       au prix de12 € .

                                             
                     Le livre Désirs de Femme

Au plaisir de se retrouver 
dans ce charmant endroit que nous a réservé Liza.


Bonne journée
 

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28 septembre 2008 7 28 /09 /septembre /2008 00:01

(Récits et légendes)

Il est une tradition, que je connaissais

un peu, juste de nom : le cercueil d’ Anjou !

Et ce week-end j’ai eu la super chance

de voir cela de plus près,

car nos jeunes voisins, Véronique et Emmanuel,

 ont suivi cette coutume.



 

Difficile de reconnaitre ce charmant couple

 dans cet accoutrement, et pourtant !

100 jours avant le mariage, ils ont traversé

le bourg, habillés et grimés de cette façon..

Pas tous seuls rassurez-vous !

Joyeuse bande  mêlant famille et amis.

 

Durant la fête qui s’en suit où ils enterrent

 leurs vies, lui de garçon et elle de jeune fille,

ils remplissent un faux cercueil

ou une caisse en bois,

de divers bouteilles ou autres biberons, bottons….

A la fin de la soirée, ils fixent une date,

et convient leurs invités à revenir faire la fête

pour déterrer ce même cercueil.

 

 

 

La date choisie peut varier :

l’anniversaire de mariage,

ou la naissance du premier enfant.

 


J’ai pris cette photo le lendemain de la fête.

Je pensais que les bouteilles mises   à l’abri  

allaient être ouvertes durant la nuit !

Non, pas du tout.!.

Ce petit trésor de guerre finira dans la cave

des jeunes mariés.

 

Cette tradition s’apparente à celle des conscrits

du Choletais et de Vendée…

Cette tradition se perdra aussi,

puisqu’il n’y a plus de service militaire

donc plus de   Classe  .

Les classes étaient numérotées :.

cette année la   " 08 " .

Elle regroupe tous ceux qui, dans une même commune,

 ont 20 ans en 2008.

Ces conscrits se retrouvent tous les 10 ans pour un banquet.

 

A l’âge de 18 ans, les conscrits font le tour du village,

avant d’aller   faire leur armée  ,

toujours entre Noël et le premier de l’an,

ils récoltent, de l’argent et surtout

boivent   un coup .

Chaque verre bu est comptabilisé

par une marque sur un bâton.

Cet argent récupéré sert à financer le premier repas,

celui des 20 ans.

Quant au cercueil, il s’agit en fait d’un coffre

rappelant par sa forme celle d’un cercueil,

rempli de bouteilles et qui est enterré

juste avant le départ au service

du premier de la   Classe , en général chez lui,

pour n’être déterré qu’au retour du dernier de cette même Classe.

Rappelons au passage qu’après la guerre d’Algérie,

le service faisait encore 16 mois !

 

Cette tradition perdure depuis les guerres de Vendée

(1793-1796).

Où une armée de 300.000 hommes

fut levée entre la Vendée et les Mauges.

( Les Mauges : le pays de Cholet, le Choletais…)

Je vous avais raconté l’histoire du

«  Petit Mouchoir Rouge de Cholet ».

C’était en Juin 2007, et c’était ICI 


Bonne journée

PS:
SVP, j'ai déjà répondu à la ronde des brodeuses.....
Soyez gentilles, ne m'ajoutez plus à vos listes
j'ai reçu déjà plus de 60 messages
 !
                   Merci d'avoir pensé à moi, néanmoins ....


 
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3 septembre 2008 3 03 /09 /septembre /2008 00:01

(Poème d' Yvonne Delisle)




Comme il est difficile 

Et plus encore pénible,

L’amour qu’on a caché

Pour ne pas l’abîmer.

En faire un prisonnier

Au fond d’un cœur blindé.
Toucher du bout des doigts

Le vide, le désarroi

De ne pouvoir

Chez lui, rester le soir.
De ne jamais le suivre

Ou en plein jour le vivre.
Ainsi douce langueur,

Je garderai au cœur

Des jamais, des toujours ,

Des regrets, des amours.

En tapisser mon âme

Pour me rendre plus Femme,

Et quand je serai vieille

En peupler mon sommeil .


Yvonne Delisle
(Désirs de femme)


Le livre Désirs de Femme

Bonne journée

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13 août 2008 3 13 /08 /août /2008 00:01

    (Poème d' Yvonne Delisle)
                               
                  

                              Vous avez été très nombreuses à aimer 

                                       Désirs de Femme – Tome I

                                          et je vous en remercie.

                                   Je vous le présente aujourd'hui 

                                  avec sa toute nouvelle couverture.

                      




                                   

                                  
                   Le tome II est bouclé, il paraitra début septembre.

               
                          En avant première,  je vous offre un poème,

                                              choisi  
au hasard   ………

 

 

 

 

Quand le hasard se fait bonheur,

Si le désir se fait plaisir,

Plus qu’une autre, contre ton cœur

Je reviendrais me blottir.

Pour te guérir de tes blessures

Avec respect, avec le temps,

Que mes caresses en démesure,

Demain, apaisent tes tourments.

Nous dessinerons patiemment

Sur les ruines de nos amours

Avec tendresse pour ciment,

Nos deux corps, nuits après jours.


                                                         Yvonne Delisle 
                                           Désirs de Femme  (Tome II).

               

Bonne journée

 




                          Le livre Désirs de Femme

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2 août 2008 6 02 /08 /août /2008 00:01

(Récits et légendes)





                 Il est une légende en Bretagne qui court le long du Blavet, celle de Conomor, le Barbe-bleu Breton et de la douce Triphine, la fille de Varoch I, comte de Vannes.

 

                            Mais revenons quelques années en arrière

Nous sommes au VI ème siècle, vers 540, sur les terres de Cornouaille, en Armorique. Leur chef, le cruel Conomor (ou Comorrhe) tyrannisait le pays. La vie de ce barbare n’avait été qu’une longue suite de crimes, tous plus atroces les uns que les autres.

A la mort du roi Iona, mystérieusement assassiné, Conomor, trouvant une occasion détendre encore sa puissance, épousa sa veuve et déclara prendre sous sa protection, son fils Judual.

                Durant quelques mois, tout se passa sans problèmes.

La reine en pleine confiance, lui avoua, un matin avoir fait un rêve.

Elle avait vu son fils trônant en haut d’une montagne et recevant les hommages de tous les seigneurs du pays, qui lui apportaient des dons et lui offraient le sceptre d’or, insigne du pouvoir royal.

                             C’est alors que tout changea….

                 Conomor, laissa soudainement  éclater sa colère.

Ce rêve signifie qu’un jour Judual sera plus puissant que moi. Je ne le supporterai jamais. Demain je lui trancherai la tête.

La mère affolée, courut réveiller son fils. Ils prirent la fuite et  arrivèrent enfin au monastère où saint Lunaire les accueillit et leur offrit l’hospitalité.

Mais Conomor découvrit la cachette de la reine et obligea  Lunaire à lui rendre les deux fugitifs. Le moine se contenta de lui répondre de revenir le lendemain à la troisième heure et qu’il lui montrerait l’enfant.

Le lendemain à l’heure dit,  Lunaire attendit Conomor sur le jardin situé  entre la mer et le monastère. Le cruel seigneur arriva avec une escorte de soldats. S’étonnant de le trouver seul, il lança arrogant :

-      Moine, il  faut maintenant tenir ta promesse, Je veux voir Judual !

Le moine allongeant le bras dans la direction de l’horizon montra à Conomor une large barque qui s’éloignait à pleines voiles.

-      Ma promesse est tenue, tu peux le voir, debout au milieu du pont.

Le seigneur entra alors dans une colère, et frappa au visage le saint homme. Il enfonça  ses éperons, si fort dans les flancs de son cheval que l’animal se cabra, renversa son cavalier et retombant sur lui, lui brisa la cuisse.

         Il restera alors de longues semaines entre la vie et la mort.

Pendant ce temps Judual avait gagné la cour du roi Childebert où le rejoindra bientôt saint Lunaire.

Dès qu’il fut rétabli, Conomor sema la terreur dans la région et se mit à dos les autres seigneurs.




                     
C’est vers 546 qu’il décida de se remarier.  Un accord avec le comte de Vannes Varoch I assurait la continuité de ses plans politiques qui consistaient à unir à son profit le Pays du blé noir (la Cornouaille) et le Pays du blé blanc (le Vannetais).

 On lui comptait déjà six épouses tuées de ses propres mains, lorsqu’il demanda à Varoch, comte de Vannes la main de sa fille Triphine. Ce dernier refusa tout d’abord de l’agréer pour gendre, connaissant la mauvaise réputation du demandeur. Il n’ignorait rien de l’histoire de Judual et soupçonnait fortement  Conomor du meurtre de Iona. Varoch demanda à saint Gildas de Rhuis, qui se trouvait à ce moment là à l’ermitage de  Castel Noec, sur les bords du Blavet, de servir d’arbitre. Conomor entra dans une violente colère menaçant de mettre à feu et à sang le Pays du blé blanc…

Ces menaces intimidèrent Gildas, qui alla demander la main de Triphine au nom de Conomor. Varoch accepta en échange de la promesse faite par Gildas de protéger sa fille.

                                  Le mariage fut grandiose.

C’est durant la bénédiction nuptiale, Gildas remit à la jeune épousée un anneau d’argent qui devait devenir noir si son époux projetait un crime contre elle.

Les premiers mois tout se passa bien, tant et si bien qu’avant de partir à la cour de Varoch, Conomor confia à Triphine les clefs d’un caveau voisin de la chapelle, dont la porte se situait à la base de la plus haute tour de son château, le Castel Finans bordant le Blavet, à Saint-Aignan non loin de Gwerlédan.

          A son retour, Conomor trouva Triphine brodant de la layette.

Joyeuse, elle lui annonça la bonne nouvelle, elle attendait un enfant ! Conomor se souvenant du rêve de la mère de Judual et d’une autre prédiction d’une sorcière lui annonçant sa propre mort par la main de son fils,  quitta brutalement la pièce, sans dire un mot.

C’est alors que Triphine regarda son anneau….Il était devenu plus noir que les ailes d’un corbeau. Elle descendit à la chapelle chercher un peu de réconfort dans la prière. La porte de la chapelle jouxtait celle du caveau dans il lui avait confié la clef… Cette pièce cachait peut-être l’entrée d’un souterrain. Elle ouvrit la porte et aperçut six sarcophages. Cinq d’entre eux étaient recouverts d’une dalle, le sixième était vide.

Triphine attendit la tombée du jour dans ce caveau effrayant, lorsque les derniers rayons  disparurent à l’horizon, les dalles se soulevèrent et Triphine terrorisée vit les cinq femmes de Conomor apparaitre.

-      Prend garde, Conomor cherche à te tuer comme il nous a tué. Ce cercueil est pour toi, puisque tu attends comme nous, un enfant qui le châtiera un jour de tous ses méfaits…. Fuis loin d’ici.

-      Mais comment pourrais-je, il ne me laissera pas retourner chez mon père…. Son féroce chien garde ma porte.

La première morte s’approchant d’elle :

-Tiens donne lui ce poison que Conomor a versé dans mon breuvage…

- Mais pour gagner le chemin…Comment descendre le long de la muraille ?

- Sers-toi de cette corde qui m’a étranglée, conseilla le seconde.

- Et qui me guidera dans la nuit noire ?

-  Cette flamme qui m’a brulée fera l’affaire, enchérit la troisième.

-  Mais comment pourrai-je accomplir un si long chemin ?

-  Prends ce bâton qui a brisé mon front proposa la quatrième.

- Et si je ne peux plus marcher ?

- La jument blanche, à laquelle j’ai été attachée par les cheveux, te portera,  ajouta la cinquième.

 Grace à l’aide des fantômes, elle se décida à prendre la fuite. Elle fit ferrer son cheval à l’envers pour brouiller les pistes, mais rien n’y fit Conomor parti à ses trousses, la retrouva dans une forêt, elle se cacha dans un buisson, où le cerbère la débusqua.

C’est à ce moment que Triphine aperçut le faucon d’or de son père. Elle l’appela et lui confia sa bague. Puis elle fit ses prières.

Conomor la rejoignit. Elle était agenouillée terrifiée. Elle supplia son bourreau de l’épargner mais celui-ci sourd à ses appels, tira son glaive du fourreau et l’abattit sur la tête de celle qu’il prétendait tant aimer.

              Triphine tomba parmi la bruyère dans une mare de sang.

 (C’est à cet endroit précis que s’élève aujourd’hui l’église de la commune qui porte son nom.)

Sans même se retourner, Conomor regagna tranquillement Castel Finans.

Lorsque le faucon d’or déposa la bague noire dans la coupe de Varoch, celui-ci comprit le drame affreux dont sa fille était l’innocente victime.

Il fit appeler Gildas.

-      Tu avais promis de protéger ma fille avec l’aide de Dieu. Tiens maintenant tes promesses et rends-la-moi.

Guidé par le Faucon d’or, Gildas arriva sur les lieux du crime.

Le corps de Triphine était encore là, baignant dans son sang. Gildas avait appris naguère de saint Iltud, les secrets de la médecine druidique…. Mais dans ce cas, la science était bien peu sans la ferveur de la prière. Après une longue et fervente prière, saint Gildas, réussit à ranimer la jeune femme.

Il la conduisit chez son père et dit à celui-ci

-      Je te rends le dépôt que tu m’avais confié. Ta fille morte pour tous est bien vivante, par la grâce de Dieu. Garde-la désormais et prends soin de l’enfant qu’elle porte en son sein.

Triphine mena sa grossesse à terme mais elle mourut, cette fois pour de bon, en donnant naissance en 545 à un fils, baptisé du nom de Trech Meur (en breton grand vainqueur). Gildas, à la demande de Varoch fut chargé de son éducation.

Cette véritable résurrection eut en Bretagne un retentissement immense. Elle fit connaitre les vertus de Triphine, la sainteté de Gildas et la cruauté de Conomor.

Mais Gildas ne se pardonnait pas d’avoir livré la douce Triphine au cruel tyran. Il parcourut la Bretagne, un bourdon à la main, sonnant la cloche sur son passage, dénonçant les crimes odieux de Conomor.

Il mit trois ans à accomplir cette mission. Elle se termina par le jugement de Conomor, sur la montagne du Ménez-Bré, où une foule énorme venue des quatre coins de la Bretagne assista à sa condamnation.

Il fut excommunié, renié comme roi par son peuple, privé de tous ses droits et tous ses biens spirituels, civils et religieux…. C’était en l’année 548.

                           Conomor se fit quelque temps, oublier…..

                                 Mais nous le retrouvons en 554.

La naissance de Tech Meur se rependit rapidement dans la région et Conomor en fut informé. Sur son ordre des soldats avaient recherché l’enfant. Ils ne l’avaient pas retrouvé.

Le 8 mai 554, Conomor le maudit, errait dans les bois, lorsqu’il aperçut un groupe d’enfants qui jouaient à la crosse. L’un d’eux mieux habillé, plus fort, plus habile que les autres retint son attention. Ses camarades l’appelaient Trémeur.

Il s’approcha de l’enfant, lui demandant son âge

-      Je viens d’avoir 9 ans.

Après quelques réponses de l’enfant, Conomor eut la certitude qu’il était bien de fils de Triphine. Il décida immédiatement de le supprimer. Sans hésiter, il lui coupa la tête comme il l’avait déjà fait pour sa mère.

Puis il s’en alla, certain que personne ne l'avait vu .

Le petit martyre le laissa s’éloigner, puis il se releva, ramassa sa tête et la porta jusque sur le tombeau où gisait sa mère.

 

Le temps passa sans que Conomor ne soit puni de ses méfaits.

Mais un jour Judual revint en Bretagne et spontanément tous se mirent sous ses ordres pour venger son père, le roi Iona.

Doté d’une forte armée, Judual entra en campagne contre Conomor. Il ne fallut pas moins de trois batailles, toutes plus sanglantes les unes que les autres pour anéantir enfin le tyran.

A chaque bataille Conomor sortait vaincu, mais il réussissait à s’échapper.

                           La troisième cependant lui fut fatale.

                Judual, finit par le rattraper et le tua d’un coup de javelot.

                       Le tyran s'écroula frappé à mort.                 
                                                                     
 

                                  Ainsi se réalisa la prédiction.

                                                              Yvonne Delisle

                                                                                                        

  

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23 juillet 2008 3 23 /07 /juillet /2008 00:01
(Récits et légendes)






              Minuit sonna bientôt au clocher du village. Et au dernier coup, tout le monde s’endormit, tous, excepté, Hubert et Fanchon.

Les herbes magiques contenues dans la boursette faisaient bouclier contre les forces du mal. Pour Fauchon, son amour dévoué pour Jade suffisait à la protéger des perverses influences.

C’est à ce moment précis que la jeune fille ouvrit les yeux, se leva, se dirigea vers l’étagère, prit ses escarpins, et revint s’assoir sur le bord du lit. Elle ouvrit la grande armoire, en sortit une cape noir et s’y emmitoufla. Ainsi apprêtée, elle se dirigea lentement vers le centre de la chambre, poussa le guéridon, qui se trouvait là, roula le tapis et souleva une trappe…. 

Hubert et Fanchon la regardait faire, sans mots dire. Elle avait l’air si las et si résignée, qu’elle en faisait peine à voir.. Elle descendit les quelques marches. Une pâle lueur laissait deviner quelques silhouettes difformes…

Sans faire de bruit, Hubert, descendit à son tour. Il aperçut alors trois jeunes femmes qui s’approchaient de Jade.

Trois fées d’une immense beauté. Elles étaient impatiences et agitées. Leurs propos juraient avec le raffinement de leur allure.

-      Dépêche-toi, insolente ! Les heures nous sont comptées….Les tiennent aussi maintenant….Il est venu ! Que leur as-tu raconté ? Qui est ce jeune homme ?....C’est la dernière nuit !

L’une d’elles l’attrapa méchamment par le bras et l’entraina dans  ce qui semblait être une clairière souterraine. Le sol était jonché de pavés de pierres froides, les arbres anormalement figés dans une raideur surprenante. Hubert s’aperçut alors qu’ils étaient d’acier et coupants comme des épées. La lueur d’une lune factice se reflétait dans leurs branches et éclairait l’ensemble d’une lumière froide. Une musique folle, venue d’on ne sait où, envahissait peu à peu l’espace. Elle se faisait  de plus en plus obsédante, entraînant bien malgré elle, notre pauvre Jade. Hubert la voyait se tordre de douleur à chacun de ses pas. Les fées, dansaient autour d’elle, enlaçant des monstres hideux aux pieds fourchus. La musique se faisait de plus en plus forte, et le rythme plus saccadé encore.

Hubert n’en pouvait plus d’un tel spectacle. Il sortit de sa cachette comme un diable de sa boite, et toujours protégé par les herbes magiques, sauta dans le cercle infernal. Il attrapa Jade, à la volée, juste à temps, avant que le décor ne s’effaçât. Elle était désormais évanouie mais en sécurité, dans ses bras.

             Les fées grimaçaient, hurlaient de rage et de douleur.

Hubert les vit sous ses yeux se transformer en vieilles et laides femmes. L’une d’elles prit sa canne au pommeau d’argent, déposée dans un coin, elle rejoignit les deux autres au milieu de ce qui fut la clairière d’acier, traça rapidement un cercle autour d’elles et elles disparurent dans un éclat de rire satanique.

 

Hubert tenant serré sur son cœur, son cher trésor, remonta lentement les marches. Tout en haut attendait Fanchon, elle referma la trappe après leur passage, remis le tapis et le guéridon.

Le jeune marquis déposa sur le lit la demoiselle qui se réveillait doucement. Peu à peu le comte et la comtesse, les gardes et le vaillant laquais sortirent de leur torpeur.

 Hubert, raconta les événements curieux à l’assemblée.

Le comte en entendant ce récit, se leva d’un bond et cria à ses gardes : 

-      Que l’on condamne ce sous-terrain et que l’on  cadenasse cette trappe.

Une petite voix se fit entendre, celle de Fanchon.

Elle disait timidement :

-      C’est inutile, les choses ne sont plus !

La comtesse prit soudain la parole :

-      Tu ne sembles nullement étonnée de ce sortilège ….Et pourquoi n’as-tu pas dormi….Serais-tu aussi une sorcière ?

-      Je ne suis rien de tout cela. C’est mon amour pour votre fille qui m’a protégé de ce mauvais sort. Ces femmes sont connues dans la région d’où je viens. Ce sont  trois fées qui ont été condamnées à la laideur éternelle, par le Grand Tribunal des Mages pour avoir mal usé de leurs dons, dans leur jeunesse. Elles ont eu le temps, avant que le sortilège ne fasse effet de détourner la sentence. Si elles trouvent une jeune vierge obéissante, elles peuvent avec elle, danser toute la nuit, avec les plus beaux hommes du pays ….Mais la sentence  s’abattit brutalement, et au lieu de beaux et jeunes cavaliers, elles se retrouvèrent à danser avec les plus laides des créatures que les forêts profondes cachent aux simples mortels. Seul l’amour pouvait briser le pouvoir des fées.

 

La comtesse doutait toujours des paroles de Fanchon, elle poussa elle-même le guéridon, souleva le tapis, et là …Stupeur, point n’était de trappe ni de traces de passage. Elle ordonna aux gardes de sonder le plancher avec leurs hallebardes ….

Rien n’y fit. Tout était redevenu normal.

Une chose avait cependant bien changée, une lueur brillait dans les yeux de Jade lorsque son regard croisait celui d’Hubert….

Le comte s’approcha de sa fille :

-      Pourquoi n’avoir rien dit, mon enfant ?

-      Je ne pouvais pas, mon cher père, elles condamneraient tous ceux que j’aime et vos propres vies étaient en jeu. Le seul qui pouvait nous sauver était Hubert et son amour….car cette nuit était la dernière du sortilège et nous étions tous condamnés à l’aube.

 

Le manoir retrouvant sa quiétude, s’activa bientôt aux préparatifs de la noce de l’année.

 Mais très vite, la tristesse de la comtesse et du comte à la seule pensée de voir bientôt s’éloigner leur chère fille, devenait plus palpable de jour en jour.

                              Hubert convoqua ses architectes.

Quelques temps plus tard, l’on vit s’élever sur la rive droite de la Loire, un magnifique château, puis un pont couvert relia le manoir de l’ile et la demeure des nouveaux époux.

C’est ainsi que ce beau pays baigné par le fleuve  capricieux se souvient encore du temps passé. 

Mais méfiez-vous, si lors d’une promenade, vous croisez en chemin, trois vieilles et laides femmes….Si l’une d’entre elles, tient dans sa main crochue une canne au pommeau d’argent……………. Car ces trois là, sont immortelles et cherchent toujours, c’est certain, une jeune âme obéissante et pure pour réveiller le sortilège endormi.


                                                        Yvonne Delisle

                          

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