(Grilles gratuites)
La Crèche de Mamigoz terminée ou l'histoire du Petit Mouton
Et si je profitais de cette Crèche de Mamigoz, terminée
pour vous raconter l'histoire des petits moutons !
C'était il y a fort longtemps j'étais petite fille,
et allais à l'école maternelle de Saint Raoul,
à l'orée de la Forêt de Paimpont : " Brocéliande"
Epoque insouciante, sauvageonne
où galoches aux pieds nous vivions heureux.
Puis Papa fut muté en Ville , à Redon .
Changement de décor, changement d'école.
Collège privé des Sœurs Bleues, uniformes, bérets,
disciple et rigueur, la Grande Section,
révérence à l'entrée de la Mère Supérieure dans la classe...
Bref je ne rentrais pas du tout dans ce carquant.
J’étouffais, je manquais d'espace.
Quelques semaines après la rentrée,
préparation avec frénésie de la crèche.
Nous devions confectionner un petit mouton de carton blanc,
un peu de ouate pour la toison et deux oreilles pendantes.
Une fois le mouton terminé, nous devions le poser
sur bureau de " Mademoiselle Angèle "
qui se chargeait d'y inscrire notre nom.
Je n'arrivais pas à finir le mien, il ne me plaisait pas,
en voulant trop bien faire,
d'un geste malheureux je lui coupais la queue.
Je voulais le refaire,
mais Mademoiselle Angèle ne voulu rien savoir,
prétextant que je devais apprendre
à faire les chose plus posément.
Gros éclats de rires des pimbêches mijaurées et enrubannées.
Elle plaça l'intrus sur la ligne de départ.
Honte à moi, ce mouton minable allait me hanter, jusqu'aux Rois.
Je le détestais .
L'objectif de ce déploiement de coton
était de faire avancer son mouton le plus vite possible.
A chaque bonne note, chaque bonne action,
marque de gentillesse, service rendu,
Mademoiselle Angèle avançait un mouton.......
Rarement le mien.
Mais si d'aventure la sagesse n'était pas de mise,
le mouton reculait inexorablement...
Vint le jour où mon mouton avança enfin d'un pas.
Il était seul, distancé depuis longtemps par le troupeau.
Nouvel éclat de rires général tant il était stupide sans queue.
Dans la demi heure qui suivi, je ne sais pas pourquoi,
une envie d'espace et de liberté me fit bondir sur mon banc,
puis sur la tablette du bureau.
J'étais libérée.
C'est ainsi qu'en battant des bras tels les ailes d'un oiseau
et sous les hurlements de Mademoiselle Angèle,
je fis le tour de la classe, en riant à tue-tête,
d'une table à l'autre devant les pimbêches interloquées.
De retour à la place, je me suis assise calmement
et très sagement j'ai croisé les bras.
C'est depuis ce jour là que Mademoiselle Angèle
prit la mauvaise mamie de m'attacher
la cheville au bois de mon bureau.
Plus tard, en apprenant que Jésus avait dit :
Je serais votre Berger
et je vous conduirais au Jardin de mon Père....
Je laisserais mon troupeau pour aller à la recherche
de la brebis égarée....
Je me suis dit que si Mademoiselle Angèle
m'avait ainsi attachée,
c'était certainement pour éviter au Berger de trop cavaler.
En faisant ce petit mouton pour Alexandre
je voulais juste prouver,
que ce n'est pas parce que ton mouton est moche
qu'il n'a pas été fait avec amour.
Les adultes sont injustement cruels
et les pimbêches aussi !
Bonne journée